De notre envoyé spécial à Doha Chokri BEN NESSIR
Il reste une marche, la dernière, la plus haute et la plus compliquée, contre l’Algérie.
Mercredi 15 décembre, le stade Ras Abu Aboud, à Doha, était plein comme un œuf. Les billets étaient épuisés depuis des jours et on y joue désormais à guichets fermés. De part et d’autre, on compte sur les encouragements des supporters pour gagner le match. Le hasard a voulu mettre face à face deux communautés importantes de résidents au Qatar, à savoir les Tunisiens et les Égyptiens. Il n’empêche, ce stade allait être le berceau d’une soirée d’ivresse collective pas trop regardante sur les dégâts du nouveau variant du Covid-19. En effet, les fans des deux sélections, qui n’étaient pas dans des gradins séparés mais mélangés au grès du hasard des numéros de leurs sièges, n’allaient pas barboter dans un bain de miel durant cette partie, car ils s’étaient chauffés tôt dans l’après-midi.
Dans une partie très saccadée dès le coup d’envoi, la Tunisie, malgré une performance qui laisse à désirer, a globalement tenu le ballon face aux Egyptiens qui ont attendu la demi-heure pour enfin cadrer une frappe. Le défenseur égyptien Hegazy lance à 30 mètres des filets tunisiens un obus mais le gardien Moez Hassen ne s’est pas laissé surprendre. Une explosion de cris du côté égyptien et une délivrance pour les fans tunisiens. Depuis, les chœurs puissants et prenants qui montent des gradins du stade ne s’arrêteront plus.
Mouiller le maillot
En effet, ils essayent d’exhorter les joueurs à mouiller le maillot durant ces premières 45 minutes où les deux sélections se sont montrées peu efficaces malgré un bon rythme de jeu.
De retour des vestiaires, la domination tunisienne s’est poursuivie sans grandes réalisations. Soudain les supporters tunisiens enflamment les gradins quand l’arbitre décide une penalty au profit des Aigles de Carthage mais qui sera finalement annulé après visionnage de la VAR. L’ardeur des supporters tunisiens se refroidit. Et voilà que le public égyptien prend le dessus quand Hamdy, vingt minutes plus tard, réalise un bel exploit mais Fathi lui pique le ballon pour envoyer sa frappe au-dessus des filets. « Masr, masr…», scandait en chœur le public égyptien devant un silence quasi-religieux des fans tunisiens, qui, après 80 minutes de jeu, étaient marqués d’un ennui presque total. Mais les deux équipes se sont finalement réveillées dans le dernier quart d’heure pour forcer la cadence. Epuisés, les joueurs des deux équipes voulaient l’emporter dans le temps réglementaire. Ce réveil des footballeurs est concomitant à celui de leurs supporters. La ferveur des fans galvanisait de plus en plus fortement les joueurs tunisiens qui parvenaient à tenir en échec les Égyptiens. Le ton était donné et les tribunes se faisaient entendre bruyamment à chaque action durant la fin de la deuxième période. Avec l’entame de la fin de la période du temps additionnel, les Tunisiens ont été récompensés par un but d’El Soulia contre son camp. Un but qui marque une délivrance divine pour les Tunisiens qui arrachent leur ticket pour la finale. Les supporters tunisiens ont alors laissé éclater leur joie en applaudissant fortement leurs joueurs. Ce fut une immense liesse. Pour leur part, les fans égyptiens se précipitent vers les portes de sortie, déçus par un résultat en défaveur de leur équipe.
Les fans tunisiens quittant le stade continuaient à chanter comme ils l’avaient fait pendant tout le match. Mais aussi en dansant, debout sur les voitures, le maillot de la sélection sur les épaules, le drapeau tunisien brandi, face à des forces de police bienveillantes. Dans les rues jouxtant le stade, concert de klaxons, feux d’artifice improvisés, fumigènes…Tous les ingrédients pour partager ces moments de joie et cette envie de ne pas dormir jusqu’à samedi, jour de la finale qui opposera les Aigles de Carthage aux Fennecs.